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La rue se mobilise contre la brutalité policière partout en France malgré l’interdiction

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
À Paris, au moins 2000 personnes se sont rassemblées samedi 8 juillet 2023 en mémoire d’Adama Traoré, un jeune homme décédé peu après son interpellation par des gendarmes en juillet 2016. ©AFP

Malgré l'interdiction des rassemblements par la préfecture de police, des milliers de personnes sont descendues dans la rue pour protester contre la persistance des brutalités policières et du profilage racial à travers la France,

Au moins deux mille personnes ont bravé une interdiction samedi pour se joindre à un rassemblement à la mémoire d'Adama Traoré, un jeune homme d'origine africaine tué en garde à vue en 2016, dans le centre de Paris.

Sept ans après sa mort, sa sœur avait prévu de mener une marche de protestation commémorative annuelle au nord de Paris, à Persan et Beaumont-sur-Oise.

La police a dispersé la foule depuis l'immense place de la République à Paris, envoyant plusieurs centaines de personnes vers le large boulevard Magenta, où elles ont été vues en train de marcher pacifiquement.

Lire aussi : Brutalité policière en France: vrai ou faux?

Assa Traoré, la sœur d'Adama, devenue une figure de proue de la lutte contre les violences policières depuis la mort de ce dernier, s'est exprimée sur un banc de la place de la République, devant plusieurs élus du parti d'opposition La France insoumise (LFI) et entourée d'une imposante présence policière.

Deux personnes ont été arrêtées, dont le frère d'Assa Traoré, Youssouf. Il a été placé en garde à vue pour violences sur personne dépositaire de l'autorité publique et rébellion, a indiqué le parquet de Paris à l'Agence France-Presse (AFP). Selon une source proche du dossier, il lui est reproché d'avoir frappé un commissaire de police. Selon son entourage, qui ne dispose pas de détails sur son état de santé, Youssouf Traoré a été transporté du commissariat à l'hôpital, ce qui n'a pas été confirmé par la police.
Plusieurs journalistes se sont également plaints sur les réseaux sociaux d'avoir été violemment repoussés par des policiers alors qu'ils couvraient les arrestations.

Une trentaine d'autres manifestations contre les violences policières ont été organisées ailleurs en France samedi, rassemblant des centaines de personnes à Marseille (sud-est), Nantes (ouest), Strasbourg (est) et Bordeaux (sud-ouest).

Au total, près d'une centaine d'associations, de syndicats et de partis politiques de gauche avaient appelé à des "marches citoyennes" pour exprimer leur "douleur et leur colère", dénoncer les politiques jugées "discriminatoires" à l'égard des quartiers populaires et exiger une "réforme en profondeur de la police".

Le gouvernement a dénoncé les appels à manifester "dans les grandes villes qui ne se sont pas encore remises des destructions".

Alors que les tensions sont encore vives à la suite des troubles provoqués par le meurtre de Nahel par la police, un tribunal a jugé que le risque de troubles à l'ordre public était trop élevé pour autoriser la poursuite de la marche de protestation.

La préfecture de police de Paris a également indiqué, dans un communiqué publié sur son site web, qu'elle avait interdit le rassemblement prévu, invoquant un "contexte de tension".

Les autorités ont également interdit un rassemblement dans la ville de Lille, dans le nord du pays, samedi.

Félix Bouvarel, un professionnel de la santé qui a participé au rassemblement de Paris, a qualifié l'interdiction de "choquante", déclarant que "la liberté de réunion, en particulier, est menacée" en France.

Sandrine Rousseau, députée du parti écologiste EELV, a dénoncé l'interdiction du rassemblement : "Les libertés publiques perdent peu à peu du terrain".

Jean-Luc Mélenchon, le leader du parti de gauche La France insoumise, a critiqué l'administration du président Emmanuel Macron.

"D'interdictions en répressions... le dirigeant emmène la France vers un régime que nous avons déjà connu. Danger. Danger ", a-t-il déclaré dans un tweet, faisant référence au régime du dirigeant de Vichy Philippe Pétain, qui a collaboré avec les nazis pendant la Seconde Guerre mondiale.

Le Comité des Nations unies pour l'élimination de la discrimination raciale (CERD) a demandé vendredi à la France d'adopter une législation définissant et interdisant le profilage racial et a mis en cause "l'usage excessif de la force par les forces de l'ordre".

Cependant, samedi, le ministère français des Affaires étrangères a rejeté la nature raciste du système judiciaire du pays, déclarant en réponse que "tout profilage ethnique par les forces de l'ordre est interdit en France".

La lutte contre ce que l'on appelle le "profilage racial" a été intensifiée", a déclaré le ministère, insistant sur le fait que "toute accusation de racisme systémique ou de discrimination de la part des forces de l'ordre en France est infondée".

Les derniers troubles survenus en France ont provoqué une crise majeure pour le gouvernement de M. Macron, qui espérait tenir ses promesses pour son second mandat après avoir été confronté à des mois de manifestations violentes en janvier contre sa décision de relever l'âge de la retraite.

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SOURCE: FRENCH PRESS TV